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L’accès aux soins de santé en Guinée: La couverture sanitaire universelle est encore loin

By Mory Filany Keita
on November 25, 2019

En Guinée, l’accès aux soins de santé est un droit pour tous. Cependant, comme dans beaucoup d’autres pays en voie de développement, la majorité de la population n’y a pas accès. Plusieurs facteurs favorisent cette inaccessibilité, parmi lesquels la pauvreté et le manque de personnel de soins et d’infrastructures, auxquels viennent s’ajouter les troubles socio-politiques récurrents.

Les défis

Le système de santé guinéen comprend des acteurs privés et publics à tous les niveaux, depuis les postes de santé et les centres de santé jusqu’aux districts sanitaires, aux régions et au Ministère de la Santé. Dans l’ensemble, les infirmières sont les principales pourvoyeuses de soins. Viennent ensuite les hôpitaux de district (préfectoraux), régionaux et nationaux pour des soins de plus en plus spécialisés. Côté privé, il existe des structures formelles, informelles et confessionnelles.

Cette diversité des prestataires, ainsi qu’une grande variété d’écoles publiques et privées d’éducation sanitaire dans tout le pays, découlent des réformes et de libéralisations successives du système de santé depuis 1984. Celles-ci ont ouvert la voie à un autre phénomène: le paiement direct des soins et services de santé. Par conséquent, l’écart entre les professionnels de la santé et les communautés se creuse. Des phénomènes tels que l’inhospitalité des communautés envers les fonctionnaires, des histoires d’abandon d’emploi et de détournement de subventions existent partout, et plus encore dans les zones rurales.

La couverture des installations sanitaires est encore en retard et il existe un écart important entre les zones urbaines et les zones rurales (56% en général, seulement 29% en milieu rural). À Conakry, l’offre sanitaire publique n’est pas suffisante pour garantir l’accès aux soins d’une population en constante expansion, d’autant plus que les deux hôpitaux nationaux. La moitié de l’effectif total des soins de santé se trouve dans les grandes villes, principalement à Conakry.

Les paiements directs représentent 62,2 % des sources de financement de la santé. Moins de 5 % de la population est protégée contre les risques financiers de la maladie.

Comme indiqué, l’accès aux soins est plus problématique dans les zones rurales en raison de la rareté des ressources (humaines et matérielles), de la pauvreté, de l’analphabétisme, de l’inaccessibilité géographique, des structures sanitaires et de certaines pratiques comme le clientélisme et le payement informel des soins. Il existe des programmes verticaux et projets comme «stop palu» et la lutte contre le VIH-SIDA qui attirent plus d’attention des partenaires techniques et financiers que d’autres, comme le programme de lutte contre les traumatismes. Ainsi, les indicateurs qui reçoivent le plus d’appui sont priorisés au détriment des activités de base du système. Ces projets et programmes de santé ont du mal à évoluer parce que la communauté n’en bénéficie pas. Certaines politiques et certains projets créent des difficultés d’accès aux soins et même des tensions entre les prestataires et les communautés. Par exemple, la politique de maternité gratuite a rendu l’accès à ces services plus difficile surtout en milieu rural. Les coûts associés à l’accouchement sont souvent plus élevés qu’auparavant. Dans un autre domaine, un gestionnaire d’installation a témoigné: “Si l’on dit que le traitement du paludisme est gratuit alors que nous n’avons que l’Artéméther et le test de diagnostic rapide à notre disposition, comment le service va-t-il survivre ?”

Que faut-il faire pour améliorer l’accès aux soins de santé ? 

Tout en rendant la répartition des ressources plus équitable et le système plus transparent et plus responsable pour déterminer l’accès aux soins de santé, la réalisation d’une couverture sanitaire universelle exige nécessairement le paiement anticipé des soins de santé. Au lieu de s’engager dans ces programmes et projets de soins et de services de santé gratuits, l’État et ses partenaires doivent soutenir la mise en place d’un système de solidarité sociale et le partage des risques de maladie au niveau communautaire. Les fonds engagés dans ces stratégies futiles peuvent être utilisés pour organiser les communautés de base afin qu’elles s’attaquent à leurs problèmes de santé. Une autre stratégie importante pour la couverture sanitaire universelle est la mise en place d’un régime d’assurance maladie obligatoire pour promouvoir la protection des fonctionnaires contre les risques financiers liés à la maladie. C’est  une approche en expérimentation. Comme on sait au moins que ceux-ci ont une source de revenu mensuel, on peut les faire adhérer à une assurance santé avec un prélèvement à la source. Ce ne serait bien sûr qu’un premier pas, mais certainement une bonne impulsion de départ vers la couverture sanitaire universelle en Guinée.

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2 comments
Bienvenu HOUNDJO says:

Le système de santé guinéen est basé sur le HSD (Health System District ce pendant pour son bon fonctionnement, il doit s’inspirer du model de Bismarck dont les sources de financement seront les assurances maladies, la protection sociale pour tous. En même que tous secteurs concernés par les déterminants sociaux de la santé se mettent ensemble avec une vision commune.

Moussa Fanta keita says:

Il faudra des sources de financement fiables et prennent revoir les dimensions de l’offre de service de santé la régulation